Duel Project : 2LDK

JAPON · 2002 · UN FILM DE YUKIHIKO TSUTSUMI · AVEC EIKO KOIKE, MAHO NONAMI, DAISUKE KIZAKI

 Le concept de 2LDK aurait permis à Yukuhiko Tsutsumi de réaliser un très bon court métrage : confronté cependant à la nécessité de tenir plus d’une heure, le réalisateur laisse au spectateur la désagréable impression de faire de la bobine là où d’autres font de la page, de faire mine d’orchestrer un crescendo alors que lui-même n’attend que le climax. Il faut pourtant admettre que c’est 2LDK qui remporte – et de loin - le Duel Project. Car quand le metteur en scène d’Aragami se contente de faire du Ryuhei Kitamura et de réaliser un « Versus II », Tsutsumi, lui, prend le parti de jouer le jeu jusqu’au bout, quitte à échouer. Il n’y a qu’à voir le film pour s’en convaincre : le moyen-métrage a été tourné puis monté en très peu de temps, avec un budget véritablement réduit et en tout et pour tout deux personnages à l’écran, deux apparitions muettes (qui n’en font finalement qu’une) et deux voix (contre, dans le film de Kitamura, quatre actants dont trois parlants – et que l’on n’aille pas me rétorquer que Tak Sakaguchi interprète la nouvelle incarnation d’Aragami – ainsi qu’un personnage entraperçu – qu’il est possible, j’y consens, de le considérer comme mort dès le début de la narration). Si l’on  peut ainsi légitimement reprocher à Tsutsumi ses gros plans superflus sur, par exemple, des mains fermant des verrous, ses erreurs de raccords, les facilités de son scénario, ses effets tout simplement ratés ainsi que le rythme trop « syncopé » de son film, il faut cependant mettre tout cela au seul compte de la sincérité du cinéaste : car loin de vouloir jouer au plus fin avec le spectateur, ce dernier s’est humblement plié aux règles et aux conditions imposées par le Duel Project. Et même s’il semble a priori ne l’emporter que par forfait - il s’avère de fait être le seul à avoir véritablement relever le défi, sa tentative inédite et son approche expérimentale sont loin d’être dénués d’intérêt...